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propagea bientôt chez ces peuples dociles. La moitié des grands écrivains de Rome sortent des provinces celtiques, de la Tarragonaise, de la Narbonnaise, de la Cisalpine ; et, dès la fin du premier siècle, les rhéteurs gaulois tiennent école d’éloquence chez les Bretons. Nulle part, le christianisme ne trouva des cœurs plus inclinés et des communications plus rapides. L’Église des Gaules enveloppa bientôt dans son prosélytisme le reste des nations celtiques ; et pendant qu’elle envoyait, en 429, saint Loup de Troyes et saint Germain d’Auxerre pacifier les troubles que l’hérésie pélagienne excitait chez les Bretons, un Gallo-Romain appelé Patricius, formé à la vie religieuse dans les monastères de Marmoutiers et de Lérins, avait entrepris et presque achevé en trente-trois ans la conversion de l’Irlande[1].

Cette île vierge, où jamais un proconsul n’avait mis le pied, qui n’avait connu ni les exactions de Rome, ni ses orgies, était aussi le seul lieu du monde dont l’Évangile eût pris possession pour ainsi dire sans résistance et sans effusion de sang.

  1. Strabon, IV et VII. Diodore de Sicile, 32. Plutarqu. In Mario, XI. Tacite,Agricola. Juvénal :
    Gallia causidicos docuit facunda Britannos.
    Martial :
    Dicitur et nostros cantare Britannia versus..
    Diefenbach, Celtica,II et III. Moore, History of Ireland,chap. x. Confessio S. Patricii.