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douée moins libéralement du génie contemplatif qui fait le fond de la vie religieuse : elle n’a rien à comparer aux ravissements de sainte Catherine de Sienne et de sainte Thérèse. Son partage est l’action. Ce qui lui appartient dans l’histoire du monachisme, ce sont les ordres militaires du Temple et de l’Hôpital. La mission qui lui plaît, c’est de servir Dieu par l’épée. Toute l’inspiration du moyen âge français est déjà dans ce passage du prologue de la loi salique, où l’on entend bien plus le cri de la guerre sainte que la psalmodie du cloître : « Vive le Christ, qui aime les Francs! Qu’il garde leur royaume, et remplisse leurs chefs de la lumière de sa grâce ! qu’il protége l’armée, qu’il leur accorde des signes qui attestent leur foi, la joie, la paix, la félicité ! Que le Seigneur Jésus-Christ dirige dans le chemin de la piété ceux qui gouvernent ! Car cette nation est celle qui, petite en nombre, mais brave et forte, secoua dé sa tête le dur joug des Romains, et qui, après avoir reconnu la sainteté du baptême, orna somptueusement d’or et de pierres précieuses les corps des saints martyrs que les Romains avaient consumés par le feu, mutilés par le fer, ou fait déchirer par les bêtes[1]. »

  1. Prologus ad legem salicam, traduction de M. Guizot, Hist.de la civilisation, 1, leçon 9°.