nommé Maurus, s’établit à Glanfeuil, au diocèse d’Angers : il venait de cette célèbre abbaye du mont Cassin, vers laquelle commençait à se tourner l’admiration de l’Occident ; saint Benoît, en l’envoyant au pays des Francs avec quatre disciples, lui avait remis le livre de la règle, le poids du pain qu’on distribuait chaque jour aux moines et la mesure du vin. C’était bien peu pour la conquête du monde barbare. Mais la règle de saint Benoît régularisait la pratique des trois conseils évangéliques la pauvreté, la chasteté, l’obéissance. La pauvreté volontaire devait produire le travail libre, qui succéda à l’esclavage, qui fit du défrichement des terres une œuvre de piété et de miséricorde et ces hommes sans possessions, en réhabilitant la culture, commencèrent à reconstituer la propriété. La chasteté n’étouffait pas l’amour, elle l’affranchissait des liens étroits du sang. Les moines avaient un père et des frères dans les murs du cloître, la parole leur donnait des enfants au dehors, l’esprit prévalut sur la chair ; et ces hommes sans famille ramenèrent dans le monde une pureté de mœurs qui devait régénérer la famille. Enfin, l’obéissance avait ses garanties raisonnables dans la liberté des vœux, dans les épreuves du noviciat, dans l’élection des supérieurs. Mais, à ces conditions, l’obéissance devenait absolue ; elle ne connaissait rien d’impossible elle supposait le plus difficile des sacrifices, celui de la volonté. Ainsi, quand la force
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