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accuser d’avoir abandonné la société en périt elles emportaient avec elles la société même, ou du moins l’esprit de sacrifice qui la fonde et la soutient. Les milices monastiques successivement ralliées par les règles de saint Pacôme, de saint Antoine et de saint Basile, se trouvèrent en mesure de passer en Occident au moment où l’invasion en forçait lesfrontières, de reprendre pied à pied le terrain conquis par la barbarie, et de pousser peu à peu leurs lignes victorieuses jusqu’aux derniers rivages du Nord. Pendant que les empereurs fixaient leur séjour a Trèves pour surveiller de plus près les irruptions des Alemans et des Francs, les disciples de saint Athanase ouvraient dans la même ville-le premier monastère des Gaules. Avant la fin du quatrième siècle, saint Martin fondait près de Poitiers l’abbaye de Ligugé, celle de Marmoutiers près de Tours. En même temps les cénobites de —Lyon bâtissaient le sanctuaire de l’île Barbe, et Victricius de Rouen jetait des colonies de moines sur les côtes de Flandre. Au siècle suivant, saint Honorat et Cassien, tout pénétrés des traditions de la Thébaïde, les faisaient revivre à Saint-Victor de Marseille et à Lérins. Des deux grandes écoles de Lérins et de Marmoutiers, la vie cénobitique se répandit dans les vallées du Rhône et de la Loire ; le monachisme couvrait déjà l’Aquitaine, la Neustrie et la Bourgogne de ses légions, quand la règle bénédictine acheva de les discipliner. Vers 542, un diacre italien,