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chesses dont il faut acheter les dignités sacrées ; tandis que les hommes pieux, auxquels la pauvreté ferme la porte, renoncent au ministère des autels[1]. M Ainsi commençait cette usurpation de l’aristocratie militaire, qui, soutenue par la simonie, perpétuée par le concubinat, aurait fait du sacerdoce une caste, et de l’Église un fief, sans l’infatigable résistance des papes. Aux mauvaises habitudes du passé, se joignaient déjà les mauvais penchants de l’avenir. L’épiscopat ne suffisait plus à l’éducation des barbares : ces disciples récalcitrants demandaient d’autres maîtres : les moines se présentèrent.

Le monachisme. Ses progrès dans les Gaules et ses services.

Dès le troisième siècle, et quand le premier effort des grandes Invasions menaçait les provinces septentrionales, on avait vu à l’autre extrémité de l’empire, dans les solitudes de l’Égypte et de la Palestine, le christianisme rassembler ces armées de cénobites destinées à former la réserve de la civilisation. Les âmes généreuses s’échappaient des ruines de ce monde romain, qui périssait par l’égoïsme ; elles se réfugiaient au désert, et il ne faut pas les

  1. Grégoire de Tours (IV, 43) cite les évêques Salonius, d’Embrun, et Sagittarius, de Gap, qui, armés du casque et du bouclier, combattaient dans les batailles, et s’abandonnaient aux vices les plus honteux. Epist. S. Gregorii Magni Theodeberto et Theodorico regibus. « Simoniacam haeresim quae prima contra Ecclesiam diabolica plantatione surrepsit... Ut ipsi qui sacros ordines appetunt non mores corrigere studeant, sed divitias quibus sacer honor emitur satagant congregare. Hinc etiam fit ut insontes et pauperes a sacris ordinibus prohibiti resiliant. »