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par personne. Toute l’œuvre de la morale chrétienne est d’établir l’égalité de devoirs entre les époux en même temps, il faut maintenir l’égalité des conditions ; il faut que cette femme, destinée auparavant aux plaisirs de l’homme, à la récréation de ses sens, à la multiplication de sa postérité, ait désormais un plus sérieux ministère, et le christianisme ne lui épargne pas ce moyen austère de relever sa dignité. C’est pourquoi il la dépouille de tout ornement et lui retire ce luxe misérable, dont elle n’a pas besoin pour charmer le cœur de l’homme. Tertullien écrit des livres entiers sur, la parure des femmes, et leur reproche tous ces joyaux dont elles sont chargées il veut que leurs doigts soient libres il craint qu’au jour du martyre ce cou chargé d’émeraudes ne laisse pas de place à l’épée du bourreau. Les temps chrétiens ne sont pas un âge d’or, mais un âge de fer. Voilà pourquoi le christianisme assigne à la femme ces fonctions respectables, et cette ma.jesté du ministère charitable. Dans les écrits de Tertullien à son épouse, il nous représente la femme chrétienne jeûnant, priant avec son mari, se levant la nuit pour assister aux assemblées des chrétiens, visitant les frères pauvres dans leurs masures, rampant autour des prisons et se jetant aux pieds des geôliers pour obtenir de baiser la chaîne des martyrs. C’est dans ces graves exercices, dans ces austérités, dans ces périls, que la femme se retrempes