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ce plaisir d’assister a des combats de matrones nues. Voilà pourquoi Sénèque avait pu dire avec une certaine illusion que permettaient l’horreur des temps et le bouleversement de la nature humaine « La femme n’est qu’un animal sans pudeur, et si on ne lui donne pas beaucoup d’éducation, beaucoup de savoir, je ne vois en elle qu’une créature sauvage, incapable de retenir ses passions[1]. » Cet homme orgueilleux était —bien ingrat, car il était l’époux de Pauline, qui voulut partager le sort de son mari, et se fit ouvrir les veines avec lui.

Voilà le mariage chez la nation la plus sage, la plus droite et la plus pratique de l’antiquité. C’.est dans cet état de dégradation que le christianisme vient prendre les femmes ; et, au premier abord, il semble qu’il doive y ajouter encore par le souvenir de la faute originelle due à la première femme. Mais saint Ambroise ne l’entend pas ainsi, et, dans un admirable chapitre, il applique tout son génie à prouver que, dans la faute originelle, la femme est bien plus excusable que l’homme car, dit-il, l’homme s’est laissé séduire par sa sœur et son égale ; la femme, au contraire, a été séduite par un ange déchu, mais par un ange, par une créature supérieure à l’homme. Chez elle le repentir a été plus prompt, et son excuse est bien plus

  1. Sénèque, de Constantia sapientis, c. XIV.