beauté. » Les Grecs ne nous citent guère que leurs courtisanes, Aspasie et Phryné ; les Romains n’ont d’autre éloge à faire de leurs matrones que de vanter leur fécondité. C’était là le dernier terme de la vertu, de la grandeur des femmes, chez la seule nation de l’antiquité qui les ait honorées. Cependant n’oublions pas que Rome admira Lucrèce, Véturie, Cornélie ; Rome connaissait les vertus domestiques et les traditions de la famille.
Rendons justice la loi romaine ; elle donnait du mariage une définition sublime : « C’est, disait-elle, l’union de l’homme et de la femme, à la condition d’une vie commune et d’un partage complet de tous les droits divins et humains. — nuptiæ sunt conjunctio maris et feminæ, et consortium omnis vitæ divini et humani juris communicatio[1]. » Ces expressions sont belles, mais la loi trouvait à toute heure son démenti, non pas seulement dans les mœurs, mais dans d’autres lois : au lieu de cette égalité promise, nous ne voyons dans le mariage romain qu’inégalité. Et d’abord, inégalité de devoir sans doute il y eut une pudeur et une vertu antiques, et Rome n’avait rien épargné pour les mettre à l’abri du danger ; elle leur avait donné pour gardiens les serments, la majesté des dieux, et l’image terrible du tribunal domestique. Mais elle avait oublié le plus sûr de tous les gardiens ; la
- ↑ Digest., XXIII, tit. II, l. 1.