Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/64

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lorsqu’au treizième siècle, il n’y plus d’esclaves à affranchir sur la terre de France, aux jours de grandes fêtes, pour que quelque chose rappelle le souvenir de ces émancipations solennelles, on lâchera dans les églises des nuées de pigeons captifs, pour qu’il y ait encore une captivité consolée et des prisonniers délivrés en l’honneur du Rédempteur. Nous avons à voir en second lieu ce que le christianisme fit des ouvriers. Rien n’est plus ennemi de l’esclavage que le travail libre aussi, l’antiquité, qui tenait à l’esclavage, foulait aux pieds le travail libre, le méprisait, le flétrissait des noms les plus durs, et Cicéron, ce grand homme, cet homme si sensé auquel de nos jours on aime tant à recourir, Cicéron dit quelque part que le travail des mains ne peut rien avoir de libéral que le commerce, s’il est petit, doit être considéré comme sordide que, s’il est vaste et opulent, il ne faut pas trop sévèrement le blâmer[1]. Brutus prêtait, et exerçait une si effroyable usure, que toute la Grèce, en quelque sorte était sa débitrice. Atticus prêtait aussi à la grosse aventure et réalisait des bénéfices énormes. Sénèque avait engagé successivement ses débiteurs dans des liens si habilement construits, calculés de telle manière, que la Bretagne, ne pouvant pas se libérer envers lui, et déjà irritée par les exigences du proconsul impérial, commença une insurrection qui

  1. De Officiis, I, I, c. 42