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mêmes. En présence de cette nouvelle source d’esclavage, il faut bien que le christianisme s’émeuve, qu’il presse l’œuvre de la rédemption que les évêques, traités d’imprudents naguère, lorsqu’ils parlaient. de la manumission des esclaves, demandent en chaire maintenant que des sommes soient réunies et des collectes soient faites pour affranchir ces sénateurs, ces patriciens, aujourd’hui captifs de quelque Suève ou de quelque Vandale.. C’est alors que saint Ambroise prononce ces admirables paroles dans lesquelles il exhorte à vendre, s’il le faut, les vases sacrés de l’Église pour racheter les captifs, « car, dit-il, l’ornement des mystères, c’est la rédemption des captifs. ».

Ainsi, vous le voyez, on a demandé où et quand le christianisme avait prêché formellement la rédemption des esclaves : voila les textes, et je ne finirais pas si je voulais les citer tous. Nommons seulement saint Cyprien, qui, au milieu des persécutions, attaqué par les satellites du proconsul, trouvait le temps de réclamer la collectes des fidèles, non pour lui ou pour ses prêtres, mais pour je ne suis quels captifs enlevés aux frontières par des bandes d’Arabes. Plus tard, c’est saint Grégoire le Grand qui affranchit les esclaves de ses nombreux domaines, et motive ces manumissions en disant « Puisque notre Rédempteur, auteur de toute la création, a voulu prendre la chair de l’homme pour que la puissance de sa divinité brisât la