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aux lieux où l’on découvre les débris de la basilique d’Augustin pour y honorer tous les vendredis celui qu’ils appellent, d’un nom mystérieux, le grand Romain, le grand chrétien. La peinture a trouvé dans les récits d’Augustin les sujets inépuisables de ses plus ravissantes compositions : c’est ainsi que Benozzo Gozzoli, dans une église de San Gemignano, ville charmante de la Toscane, qui, perchée sur la colline, défie la curiosité des voyageurs, a représenté en dix tableaux l’histoire de saint Augustin; ces dix fresques, d’une naïveté charmante, nous le montrent à toutes les époques de sa vie, depuis le jour où il fut conduit par ses parents à l’école de Tagaste, priant Dieu de n’être pas battu.

Ainsi les plus beaux génies de l’Italie chrétienne chercheront à se rapprocher de ce génie antique. Pétrarque, tourmenté par une passion qui n’a pas laissé de repos à son âme, écrivant son traité du Mépris du monde, suppose qu’il a pour interlocuteur saint Augustin lui-même; et saint Augustin l’avertit qu’il est lié de deux chaînes de diamant qu’il prend pour des trésors, mais qui lui ôtent sa liberté: la gloire et l’amour. Pétrarque défend ses chaînes avec ardeur, il les porte avec joie, il s’en fait honneur, et ne veut pas qu’on touche à cet amour platonique qui a été l’inspiration de toute sa vie et qui l’a tiré de la foule. Mais saint Augustin, avec sa sagesse supérieure, avec son bon sens chrétien, lui montre les périls d’une passion que rien