représente ta profonde corruption de cette servitude.
Le christianisme trouva les choses à ce point : on lui a reproché de ne pas avoir affranchi les esclaves sur l’heure. Mais il eut deux raisons pour cela : d’abord il a horreur de la violence, il déteste le sang versé ; voilà pourquoi Celui qui mourut esclave sur la croix n’enseignait pas à l’humanité le chemin de Spartacus. Une autre raison, c’est que l’esclave n’était pas capable de la liberté ; avant d’en faire un homme libre, il fallait en faire un homme, reconstituer en lui la personne, retrouver la conscience étouffée, et le relever à ses propres yeux. C’est par là, en effet, que le Christ avait commencé en prenant la forme d’un esclave et en mourant sur la croix. Tout homme, à son exemple, par cela qu’il devenait chrétien, devenait esclave volontaire (Qui liber vocatus est, servus est Christi)
Tous ceux qui mouraient martyrs mouraient véritablement et légalement esclaves, servi pœnæ. Ainsi, dès les premiers jours, la chaîne de l’esclave, baignée déjà dans le sang du Calvaire, fut purifiée, consacrée encore dans le sang des martyrs ; les esclaves eux-mêmes vinrent y tremper leurs fers, et disputer à leurs maîtres chrétiens cet honneur de mourir pour l’immortelle inviolabilité de la conscience. Dans ces bandes de martyrs, bravant le supplice dès les premiers siècles, il y a toujours quelques esclaves