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On a dit que la lumière ne s’éteignit point aux plus mauvais temps du moyen âge, mais qu’elle se déplaça ; et que, du septième au onzième siècle, l’astre des lettres, couché sur l’Italie, se levait sur l’Irlande, l’Angleterre et l’Allemagne. Je puis ajouter maintenant que l’Italie eut une de ces nuits lumineuses où les dernières clartés du soir se prolongent jusqu’aux premières blancheurs du matin. D’un côté, le souvenir des écoles impériales se perpétue dans l’enseignement-laïque, qui suberdonne la grammaire et la rhétorique à l’étude des lois, qui entretient chez les Italiens la passion du droit, et qui fonde, pour cette science toute laïque, la puissance université de Bologne. D’un autre côté, la tradition des premiers siècles chrétiens se conserve dans l’enseignement ecclésiastique les lettres y trouvent asile à condition de servir la foi, de développer la vocation théologique des Italiens, et de leur assurer la palme de la philosophie scolastique. Nous avons vu l’instruction descendre du clergé et des corporations savantes jusque dans la multitude. Ce peuple, encore tout pénétré de l’antiquité, n’en peut oublier ni la gloire, ni les fables, ni la langue. On le prêche, on le harangue en latin; les fils des marchands lisent Salluste et Virgile, et dans les conseils de Florence les gens de métiers votent par écrit. C’étaient ces populations qui méritaient, qui commandaient les miracles de l’art naissant. La mythologie avait fait jaillir d’un coup de pied de