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On haranguait

le peuple en latin

Mais ce qui étonne davantage et ce qu’on ne peut

nier, c’est que les délibérations de ces orageuses républiques, les débats passionnes à l’issue desquels on chassait les Gibelins ou l’on rasait les maisons des Guelfes, c’est que les conseils en plein air, où la multitude frémissait sous la parole des orateurs, se tenaient en latin. On en trouve plusieurs preuves mais je n’en connais pas de plus frappante qu’un traité composé au treizième siècle, et probablement à Bologne, sous le titre d’Oculus pastoralis, pascens officia[1].Ce titre pompeux n’annonce « qu’une instruction simple et lucide en faveur des laïques illettrés, où l’on se propose d’éclairer leur conduite et de former leur langage quand ils sont appelés au gouvernement des affaires publiques». Après avoir traité du principe de l’autorité, des devoirs qu’elle impose, des moyens qu’elle emploie, l’auteur touche enfin à ce pouvoir de la parole qui est le maître des assemblées populaires : Il veut que l’orateur de son temps, comme de celui de Cicéron ou de Quintilien, soit honnête dans les mœurs, ingénieux dans l’invention, sobre et orné dans le style, en sorte qu’il sache y garder la mesure et la grâce. Il ne lui permet pas de paraître au balcon du palais communal

    tutti consoli, e imposero loro che ciascuno consigliasse per iscrittura se alla sua arte piacea che messer Carlo de Valos fosse lasciato venire in Firenze come paciaro,  » etc.

  1. Apud Muratori, Antiquitates, IV, 93.