ses détestables vers latins sur la volonté du prince, qui l’engage a écrire dans un langage familier intelligible pour tous[1]. Vers le même temps, un chant de guerre célèbre la victoire remportée, en 1088, par les Pisans sur les Sarrasins. Ce chant rimé n’emprunte rien à la prosodie classique on y sent frémir l’enthousiasme contemporain ; on y trouve encore l’idiome et les souvenirs de l’antiquité. Si vous prenez l’auteur au mot, il vous fera croire qu’il s’agissait de vider la querelle de Rome et de Carthage
Inclytorum Pisanorum scripturus historiam,
Antiquorum Romanorum renove memoriam.
Il s’agit, pourtant d’une croisade ; il s’agit de venger l’Espagne, l’Italie, la Provence, insultées par les flottes mahométanes. Le Christ lui-même pousse les navires des chrétiens ;l’archange saint Michel sonne la trompette devant eux ; et saint Pierre, la
- ↑ Gaufrid Malaterra, Proemium ad chronicon : « Si autem de incultiori poetria fuerit , ipsa-principis jussio ad hoc hortala a
est, ut plano sermone et facili ad intelligendum, quo omnibus facilius quidquid diceretur patesceret, exararem,
exararem ». Voici un chant de
Gantrid sur la naissance de Simon, second fils de Roger, quelque temps après la mort de son fils aînté Jordan :
Patre orbo
Gravi morbo
Sic sublato filio,
Unde doleret
Quod careret
Haereditatem gaudio
Ditat prole
Quasi flore
Superna praevisio.