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l’instruction des savants, ces humbles vers, ouvrage d’une muse plus indulgente, soient lus du grand nombre, et que les notaires, les derniers des clercs, y trouvent leur plaisir[1]. » La dessus Mussato s’engage, non dans un chant rimé charge d’expressions barbares, mais dans un poëme en vers hexamètres, où ne manquent ni les réminiscences virgiliennes, ni les allusions mythologiques c’étaient les délassements de la basoche de Padoue ; c’était le niveau de l’éducation publique pour tous ceux qui, sans se vouer aux professions savantes, s’arrachaient au travail des mains. On s’étonne du prodigieux savoir que Dante avait puisé aux leçons de Brunetto Latini, et dans les disputes philosophiques des religieux de Florence. Villani, destiné au commerce, et visitant Rome au jubilé de l’an 1500, y consumait ses veilles à lire Tite-Live, Salluste et Paul Orose, Virgile et Lucain. Il est dit du peintre Cimabue, qu’ayant donné de bonne heure des. marques d’une belle intelligence, il fut appliqué aux lettres, et fréquenta l’école ouverte par les frères prêcheurs à Sainte-Marie Nouvelle[2]. Ainsi la poésie et la peinture ne sortirent pas toutes ra-

  1. Albertin. Mussatus, libri III de Obsidione Paduœ : Ad notariorum Padavinorum palatinam societatem. «Illud quodcumque sit metrum non altum, non tragœdum, sed molle et vulgi intellectioni propinquum sonet eloquium, quo altius edoctis nostra stylo altiori deserviret historia, essetque metricum hoc demissum sub camoena leniore notariis et quibusque clericulis blandimentum. »
  2. Dante,Convito, II, 13; Villani, lib. VIII, 36; Vasari, Vita di Cimabue.