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l’ignorance. Toutes les préférences de l’Église étaient pour ces pauvres qui luttaient contre la dureté de leur condition ; elle encourageait à titre d’œuvre pie les legs des mourants en faveur des écoliers nécessiteux. Les docteurs consommés ne croyaient pas déroger en s’employant à resserrer l’Écriture sainte et toute la théologie en de courts abrégés, et les scribes des monastères en multipliaient les copies à bas prix (Biblia pauperum). Les sages de ce temps ne s’effrayaient point de la foule qui assiégeait les chaires, qui mettait quelquefois en danger la paix, mais qui donnait des défenseurs à la liberté. En 1046, quand l’archevêque Gui, élevé par la simonie, soutenu par les armes des nobles, prenait possession de Milan, ce fut dans l’école ecclésiastique de Sainte-Marie, ce fut sous la conduite d’un maître de grammaire, le diacre Ariald, que se forma une ligue sainte, destinée à renverser la tyrannie du prélat, et à commencer, par l’affranchissement de la commune de Milan, l’ère des républiques italiennes[1].

D’un autre côté, cet enseignement soutenu des deniers du sanctuaire gardait l’empreinte sacerdotale que saint Grégoire le Grand lui communiqua.

  1. Il faut voir dans la chronique de Landulfe le Vieux (Muratori, Script. IV) l’histoire de cette révolution, où le peuple de Milan eut contre ses archevêques simoniaques tout l’appui du saint-siege, représenté par Pierre Damien et Hildebrand. Sismondi, par une incroyable préoccupation, n’a vu qu’une querelle de gens d’Église, là où il fallait reconnaître la première émancipation des cités lombardes.