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musique, le dernier des sept arts libéraux, exigeait la connaissance de tous les autres ; le chant supposait l’intelligence des textes sacrés, et de l’humble fondation de saint Grégoire devait sortir toute une école théologique et littéraire, qui serait la lumière de Rome et l’exemple de l’Occident.

Jusqu’à la fin du neuvième siècle je vois l’école de Latran, fidèle à ses traditions, former l’élite du clergé romain: il est dit des deux papes Sergius I et Sergius II qu’ils y furent nourris dans l’étude, non de la religion seulement, mais des lettres[1]. On y enseignait assurément la métrique latine, puisque les hymnes de l’Église se pliaient encore aux lois de la quantité, et faisaient revivre les anciens rhythmes d’Horace et de Catulle. On y enseignait au moins les éléments de la langue grecque, puisqu’elle conservait sa place dans la liturgie romaine, et qu’un Ordo Romanus du douzième siècle donne encore les antiennes grecques exécutées par les chantres de la chapelle papale aux principales fêtes de l’année[2]. La chapelle des papes, -avec

  1. Johannes Diaconus, Vita S. GregoriiII,. cap. 6. Anastasius Bibliothecar., in Sergio I  ; idem in Sergio II « Eum scholae cantorum ad erudiendum tradidit(Leo III) communibus litteris. » On ne comprend pas qu’un esprit aussi élevé que M. Giesebrecht se soit laissé entrainer aux vieilles calomnies du protestantisme contre S. Grégoire le Grand, quand elles n' ont d’autre appui que le témoignage tardif de Jean de Salisbury, contredit par Jean Diacre, qui le précède de deux siècles ; quand surtout la correspondance tout entière de S. Grégoire atteste que la civilisation n’a jamais eu de plus grand serviteur.
  2. Ordo Romanus ap Mabillon, Museum italicum, t.II.Ras-