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codes de Théodose ou de Justinien, la grammaire, qui fait l’étude des autres, ne se réduit point aux règles élémentaires de la langue latine ; elle comprend la lecture, le commentaire et l’imitation des poëtes classiques. Au moment où l’on croit tous les esprits occupés des jugements de Dieu, quand il semble que les écrivains ne suffisent pas pour recueillir et publier les miracles des saints, il se trouve des lettrés indisciplinés qui ne s’inspirent ni du silence des cloîtres ni des pieux récits aimés du peuple, qui retournent aux sources profanes, qui font revivre dans leurs compositions non-seulement les fables, mais la sensualité du paganisme. C’est le caractère d’un petit poëme publié par Niebuhr, et composé en Lombardie avant la fin du dixième siècle[1] On y loue la beauté d’un jeune garçon, « idole de Vénus ; » on invoque pour lui les trois Parques et Neptune, protecteur des nochers sur les eaux rapides de l’Adige. Je reconnais la même inspiration dans une pièce inédite du douzième siècle, et dont voici les premiers vers. Le poëte met en scène deux personnages mythologiques, Hélène et Ganymède

De Ganymede et Helena

Taurum Sol intraverat, et ver parens florum
Caput exeruerat floribus decorum
Sub oliva recubans, herba sternens torum[2],
Delectabar, dulcia, recolens amorum.

  1. Niebuhr, Rheinisches Museum, t. III p. 7 et 8.
  2. Ces trois derniers mots ne sont qu’une restitution conjecturale.