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doine Apollinaire, renonçant alors a la poésie profane, renonçant, à toutes les distractions, à tous les égarements de la vie mondaine, revêtit l’esprit d’un saint et pieux évêque. Mais comment renoncer aux lettres, à ce premier charme de sa jeunesse Comment ne pas porter dans tout ce qu’il écrivait la trace de cet esprit des écoles gallo-romaines où. il avait été nourri ? Aussi, en parcourant le recueil de ses œuvres, quelle que soit l’époque sur laquelle nous tombions, que nous ayons affaire au préfet de Rome ou à l’évêque chrétien, c’est toujours, avec des sentiments différents, un langage semblable. En effet, avant toutes choses, Sidoine Apollinaire avait voulu être et avait été habile dans l’art de bien dire. Au rapport de Grégoire de Tours, telle était son éloquence, qu’il était capable d’improviser sans délai sur un sujet donné. Lui-même prend la peine de nous dire que, chargé de donner un évêque au peuple de Bourges, qui était divisé, il n’eut que deux veilles de la nuit, c’est-à-dire six heures, pour dicter le discours qu’il avait à prononcer dans cette circonstance devant le clergé et le peuple assemblés. Il s’excuse donc si l’on n’y trouve pas « la partition oratoire, les autorités historiques, les images poétiques, les figures de grammaire, les éclairs que les rhéteurs faisaient jaillir de leurs controverses. » En un mot, son discours est simple et clair, et c’est ce qui l’humilie[1]. (1)

  1. Sidoine Apoll., Ep.,I VII,9.