La littérature sacrée de l’Espagne ne semblait pas devoir modifier beaucoup ce caractère car elle était restée bien pauvre jusqu’au siècle qui nous occupe. Sans doute un évêque d’Espagne, Osius-de Cordoue, avait présidé à Nicée ; cependant on ne voit pas qu’il ait beaucoup écrit ni que l’Espagne ait produit beaucoup de docteurs. Mais une autre province travaillait- pour elle c’est ce qui arrive souvent dans l’histoire des littératures un pays semble travailler pour périr, pour disparaître ensuite, et on se demande à quoi bon tant d’efforts, tant de productions ingénieuses dans une contrée qui bientôt doit être subjuguée par les barbares ; et il se trouve que le génie de ce pays perdu, de cette nation étouffée, s’est réfugié dans un pays voisin. C’est ainsi que l’Espagne profita de tous les travaux de l’Afrique : l’esprit de Tertullien, de saint Cyprien, de saint Augustin, devait passer un jour le détroit et aller embraser l’Église espagnole. En effet, où dirons-nous que saint Augustin a trouvé des héritiers, si ce n’est dans le pays de sainte Thérèse et de saint Jean de la Croix ? Avec cette littérature mystique si féconde, l’Espagne moderne devait avoir une littérature poétique la.plus abondante qui fut jamais. En effet, nous avons vu que si les lettres chrétiennes, au cinquième siècle, produisent quelque chose en Espagne, c’est surtout, avec une abondance extraordinaire, la poésie Juvencus, Damase, Dracontius, l’intarissable Prudence-