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postérité n’oubliera jamais. Le patriotisme des anciens Romains vit encore dans cette âme fortement trempée et éclate dans les homélies qu’il prononçait le jour de la fête de saint Pierre et de saint Paul, où, célébrant la destinée de la Rome nouvelle, il aime à montrer la Providence elle-même présidant aux grandeurs temporelles de cette cité maîtresse dont les conquêtes devaient préparer la conversion de l’univers.

Ainsi, dès le cinquième siècle, Rome et l’Italie, devenues chrétiennes, conservent, vous le voyez, les deux grands caractères de l’Italie antique : elles les garderont pendant tous les siècles du moyen âge. et vous en avez la preuve ; dès le commencement de cette période, dès que les temps carlovingiens sont finis, éclate, d’une part, le génie théologique avec cette succession d’hommes célèbres les deux saint Anselme, Pierre Lombard, saint Thomas d’Aquin, saint Bonaventure ; d’autre part, le génie politique remue la péninsule de telle sorte, que les derniers artisans des villes forment des corporations pour prendre part au gouvernement de la chose publique ; et l’esprit des affaires s’y développe à ce point qu’il produira un jour un des plus grands écrivains politiques du monde, Machiavel.

Ces deux esprits, qui constituent le caractère du moyen âge italien, se réuniront dans les grands papes, comme saint Grégoire le Grand, Grégoire