Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/347

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus enracinés dans son cœur; c’est qu’elles rappellent tous les usages au milieu desquels il est né, les affections dans lesquelles il a grandi et il a vécu. Une langue bien faite, et toutes les langues se font bien quand elles se développent seules et sans l’influence de l’étranger, une langue n’est autre chose que le produit naturel de la terre, qui l’a vue sortir, et du ciel, qui a éclairé sa naissance elle contient, en quelque sorte, l’image même de la patrie. Voilà pourquoi, tant qu’une langue subsiste, le moment n’est pas encore venu où il faille désespérer de la patrie. En troisième lieu, la religion elle-même, cette puissance qui semblait destinée à mettre l’unité partout, contribua cependant à entretenir la variété, la diversité de l’esprit provincial. En effet, quand l’Église romaine se fonde, il semble ; au premier coup d’œil, qu’une nouvelle force ait été donnée à Rome, pour enchaîner désormais à ses destinées toutes les provinces de l’Occident. Il n’en est pas moins vrai que cette unité, que cette force de l’autorité romaine ne se maintiendra qu’en respectant, dans une certaine mesure l’individualité, l’originalité des Églises nationales. La sagesse et le bon sens de l’Église romaine dépassant en ceci la sagesse et le bon sens du gouvernement romain elle a su respecter les droits, les priviléges, les institutions, la— liturgie, propres aux différentes provinces de l’empire. Aussi, dès les commence-