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Dans chaque. province, à côté du président qui était à la tête de l’administration civile, se trouvait le procureur de César, chargé de l’administration financière. Au seul aspect de ses licteurs, les populations -des campagnes prenaient la fuite et les maisons des villes se fermaient, car le fisc romain avait des exigences insatiables. Il demandait d’abord la capitation, c’est-à-dire l’impôt sur la personne ensuite l’indiction, l’impôt sur les biens ; puis, dans les cas extraordinaires, la superindiction ou l’impôt imprévu puis le chrysargyre ou impôt sur l’industrie ; enfin, à l’avénement de l’empereur, l’or coronaire, don gratuit auquel on ne pouvait se soustraire impunément. Mais ces impôts, ainsi multipliés, étaient perçus avec une sévérité, avec une cruauté dont les historiens contemporains ont rendu témoignage. Les exacteurs, les contrôleurs du fisc, répandus dans les campagnes, pour prouver leur zèle et pour accroître leurs profits, péné-traient dans les habitations, vieillissaient les enfants, rajeunissaient les vieillards, afin de les porter sur leurs listes dans la catégorie des hommes de quinze à soixante ans qui devaient payer l’impôt. Là où la valeur des fortunes était difficile à connaître et à apprécier, ils mettaient à la torture les esclaves, les femmes et les enfants, pour connaître le chiffre réel de la fortune du père de famille. On ne peut pas s’attendre avoir les provinces supporter de bonne grâce des persécutions aussi inouïes.