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sans moines : l’Inde a eu ses ascètes, qui abandonnent toutes choses, s’enferment dans les déserts sans autre bien qu’un haillon sur l’épaule et un plat de bois à la main, qui passent leur vie se nourrissant de graines, de racines arrachées de la terre, et qui, accroupis sur eux-mêmes, consument leurs jours et leurs nuits dans la contemplation~de l’âme de Dieu, captive dans leur corps et qu’ils cherchent à affranchir. A côté des anachorètes du ~brahmanisme, le bouddhisme a ses cénobites, et dans la Tartarie, la Chine, le Japon, il n’y a pas de prêtres, mais des moines, des hommes qui vivent sous la loi de la communauté : Ces institutions orientales ne peuvent avoir d’autre esprit que le paganisme qui les inspire : elles sont toutes fondées sur la confusion du principe de la créature et du créateur, et comme le brahmane se figure qu’il est de droit le seigneur de la création ; et que tous les hommes ne vivent que par sa permission, il méprise souverainement ses semblables. De même l’anachorète pense que le sort le plus heureux, le suprême bonheur, est d’arriver à s’absorber dans Brahma, c’est-à-dire dans l’incompréhensible. Voilà l’orgueil et l’égoïsme qui font l’âme de l’ascétisme indien. Chez les Hébreux des derniers temps de l’antiquité, le monachisme paraît sous des formes plus pures ; car le judaïsme a eu ses ascètes : les esséniens et les thérapeutes habitent, les uns sur les