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-toutes les églises d’Italie, des Gaules, d’Espagne, étaient, attentives. Ainsi on ne découvre, au premier abord, qu’une seule littérature latine commençant, pour-ainsi dire, l’éducation commune de tous les peuples occidentaux, cette éducation qu’elle doit continuer à travers les temps barbares, bien avant dans le moyen âge et jusqu’à ce que l’unité de la société chrétienne soit fondée. Mais, sous l’apparente communauté des traditions littéraires, nous voyons percer peu à peu des génies différents. Parmi tant de peuples soumis à la domination romaine n’en est-il pas qui aient conservé quelque reste de leur caractère originel ? Dans leurs lois, dans leurs mœurs, dans leurs dialectes et jusque dans les œuvres de leurs écrivains, ne peut-on pas surprendre quelques traits distinctifs, quelques instincts opiniâtres, une vocation irrésistible au rôle que la Providence leur destine plus tard et qui devra constituer leur nationalité ? Voilà la question qu’il nous reste à débattre aujourd’hui. On a coutume de faire dater les nationalités modernes de l’invasion des barbares et de l’établissement des chefs germains dans les différentes provinces de l’Occident. Ainsi l’histoire des Francs commence à Clovis, l’histoire d’Espagne à Wamba, et celle d’Italie à Odoacre. On traite l’histoire des langues comme celle des nations, et c’est à la confusion des idiomes germaniques avec la langue latine, idiomes qui présentaient, dit-on, des formes