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du pape Sixte III. Peu à peu la mosaïque envahit les grandes basiliques romaines, comme Saint-Pierre et Saint-Paul. Dans la capitale du monde chrétien et dans les grandes cités d’Italie, à Milan, à Ravenne, à Vérone, à Venise, partout enfin l’abside des églises se remplira de cette grande et resplendissante image du Christ et de la Jérusalem céleste, qui rayonne, pour ranimer l’espérance des fidèles, au milieu des périls de ces siècles sanglants. La mosaïque remplit toute la période romane, arrive, jusqu’à la période gothique, où elle s’empare bientôt des arcades ogivales des églises bâties en Sicile par les Normands. C’est ainsi qu’à Montréal et à la chapelle palatine de Palerme resplendissent encore les figures traditionnelles du Christ, de la Vierge et des saints, telles que les avaient composées les artistes contemporains de Constantin et de Théodose. La fidélité aux types anciens est tellement opiniâtre, qu’elle s’étend même à ces images empruntées de l’antiquité, et je cite ceci comme un des nœuds qui rattachent le temps dont je m’occupe au moyen âge dont nous nous occuperons bientôt. A Ravenne, par exemple, dans le baptistère, on a représenté le Jourdain à la manière des païens, sous la figure d’un dieu-fleuve, couronné d’algues marines, appuyé sur son urne, dont les flots se répandent et forment l’onde sacrée dans laquelle se plonge le Rédempteur. Cette imi-