Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/301

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

hâter, comme on l'a trop fait, de juger la sculpture de ces temps par l’arc de triomphe de Constantin, élevé à Rome, et de dire que, comme on n’y trouve que quatre ou cinq bas-reliefs de mérite enlevés à des monuments antérieurs, c’est là une preuve de l’impuissance des artistes contemporains, incapables de produire par eux-mêmes quelque chose de digne des regards ; ils ont placé sur la frise les figures les plus disproportionnées qu’on puisse imaginer ; et c’est sur cette frise qu’on juge de toute la sculpture du quatrième et du cinquième siècle. Mais est-il donc un temps où les artistes de cour ne puissent, à la faveur d’un-caprice de prince, faire parvenir dès œuvres malheureuses, grossières, à la place que devait occuper les ouvrages des hommes d’un véritable mérite ? Est-ce que tous les temps n’ont pas les mêmes inégalités dans le talent ? Est-ce que le temple de Phigalie, dont les sculptures sont si rudes, n’est pas précisément contemporain du Parthénon, où se déroulent les admirables compositions de Phidias ! Mais côté de ces compositions triviales, qui déshonorent le monument qui les porte, nous avons des sarcophages d’une incontestable beauté, et, parmi ceux de Ravenne, il en est plusieurs qui attestent une grande pureté de ciseau.

Ainsi n’en doutons pas : la sculpture n’a pas péri ; elle se défendra ; elle traversera les siècles barbares et difficiles, et, quand vous lui livrerez