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d’Attila : souvent Léon avait rappelé aux Romains leur délivrance ; il leur disait de ne l’attribuer ni aux astres ni au hasard, mais aux saints et à la miséricorde de Dieu et il tes engageait à célébrer ce jour non pas au cirque et dans les amphithéâtres, mais dans les assemblées des chrétiens. Ces paroles avaient été vaines, et, rassurés comme des matélots le lendemain d’une tempête à la veille d’une autre tempête, ils avaient oublié ces avertissements, lorsqu’ils apprirent que Genséric venait de débarquer avec une armée nombreuse, qu’il remontait le Tibre, et qu’il allait être à leurs portes. Cette fois encore Léon alla trouver les barbares, et il en obtint que, satisfaits du pillage, ils épargneraient la vie et respecteraient les personnes en effet, Genséric entra dans Rome, y resta quatorze jours tous les historiens nous attestent qu’il pilla la ville, mais qu’il ne versa pas une goutte de sang. Je ne sais si je me trompe, mais ce second miracle me paraît plus grand que le premier. Il y avait moins de mérite, moins d’habileté, à arrêter un barbare comme Attila, frappé peut-être par la majesté d’un vieillard chrétien, qu’à contenir pendant quatorze jours et quatorze nuits cette multitude de Vandales, les uns ariens, les autres païens, sans aucun lien de croyance avec les populations de Rome au milieu desquelles ils s’abattaient, à les maintenir fidèles à la lettre de ce traité souscrit à la veille de leur entrée dans la ville désarmée.