Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/297

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

inscription disait beaucoup, elle disait : Ici repose un homme baptisé (le poisson), et cet homme baptisé a goûté du pain miraculeux de l’Eucharistie. C’était là un énergique et admirable langage La parole venait aussi lui aider, quelquefois avec une simplicité qui avait sa grâce, comme dans cette inscription si simple : Τόπος Φιλήμονος. D’autres fois c’était un mot plein de tendresse et de douceur sur le tombeau d’un enfant : Florentius felix agnellus Dei. D’autres fois, la terreur des jugements de Dieu s’exprime par une exclamation terrible, comme dans l’inscription du père de Benirosus : Domine, ne quando adumbratur spiritus veneris.

Enfin l’inscription en vers éclate et se répand sur les tombeaux, et déjà la poésie véritable, celle qui emploie le rhythme, met son empreinte sur les pierres des catacombes. Voici quelques vers d’une grande barbarie, mais étonnants par le souvenir classique qu’ils éternisent ; il s’agit d’un enfant de quatre ans :

Hic jacet infelix proprio Cicercula nomen,

Innocens qui vix semper in pace quiescat,
Cui cum bis binos natura ut compleret annos,

Abstulit atra dies et funere mersit acerbo.

Assurément, à la fin de ces vers barbares et chrétiens, on ne s’attendait pas à trouver un vers de Virgile. Mais, à part ces souvenirs de l’antiquité qui arrivent ainsi par lambeaux, tout ici est populaire,