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symboliques et ont un sens au delà de celui qu’ils expriment. C’est ainsi que le serpent, entre nos deux premiers parents, exprime le péché, et que l’eau sortait du rocher nous représente le baptême ; c’est ainsi que Moïse, faisant tomber la manne du ciel, est le symbole de l’eucharistie, tandis que le paralytique guéri et emportant son grabat sur le dos est le symbole de la pénitence ; c’est ainsi que Lazare exprime l’idée de la résurrection ; que les trois enfants dans la fournaise, Jonas jeté à la mer, Daniel dans la fosse aux lions, sont le symbole du martyre, sous ces trois formes principales, du martyre par le feu, par l’eau, par les bêtes. Mais remarquez qu’il s’agit toujours de martyrs triomphants, couronnés de Dieu, et jamais, excepté saint Hippolyte, de martyrs contemporains. Plusieurs siècles après seulement, les chrétiens ont tracé dans les catacombes quelques images des martyrs mais jamais les chrétiens des persécutions, ces hommes déclarés par Tacite l’horreur et l’opprobre du genre humain, n’ont voulu peindre ce qu’ils avaient souffert, ce qu’ils avaient vu souffrir à leurs pères, à leurs enfants, à leurs épouses. Selon moi, ceci est admirable : tandis que l’art païen s’enfonçait dans le réalisme le plus odieux et le plus grossier, et que, pour réveiller les sens de ces hommes blasés, il fallait leur brûler un esclave à la fin de la tragédie d’Hercule au mont Œta, et outrager une femme sur la scène lorsqu’on jouait je ne sais quelle