sons, et ailleurs, on a trouvé aussi des peintures, des images agréables semées sur les murs pour consoler la tristesse de la mort par exemple, des fleurs, des animaux, des victoires, des génies. Quoi d’étonnant si les humbles fossoyeurs, les fossores, comme on les appelait, qui les premiers commencèrent à décorer les sépultures des chrétiens et les oratoires, reproduisirent à beaucoup d’égards les procédés, les images, les sujets des artistes anciens ? Ainsi les mêmes figures allégoriques et souvent des figures qui sembleraient ne devoir appartenir qu’au paganisme, comme des victoires, des génies ailés, décorent plusieurs tombeaux chrétiens, et dans trois peintures du cimetière de Saint-Callixte, on trouve la figure d’Orphée représentée à la manière des anciens. Mais la science de l’Église, qui veillait derrière l’ignorance et la simplicité de ces pauvres ouvriers, avait soin d’éclairer le symbole, de le purifier, de l’élargir, de lui donner une signification nouvelle. Elle faisait pour l’art ce qu’elle avait fait pour la langue : il avait bien fallu qu’elle adoptât la langue ancienne, mais elle l’avait fait en donnant aux termes anciens un sens nouveau qui devait fournir une nouvelle fécondité à la parole. Orphée figurait parmi ces types chrétiens : mais, selon saint Clément d’Alexandrie, il y figurait comme l’image du Christ, qui, lui aussi, attire les cœurs, ébranle jusqu’aux rochers les plus froids du désert et les bêtes les plus féroces
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