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on raconta surtout qu’Attila avait dit à ses officiers que s’il se retirait, c’est que, pendant que Léon lui parlait, il avait vu,.derrière lui, un autre prêtre, au visage sévère, qui lui faisait entendre que, s’il allait plus loin, il trouverait la mort. Cette légende sans critique, et en apparence sans autorité, a traversé les siècles, acceptée par l’histoire, et a reçu pour toujours sa consécration des mains de Raphaël dans les chambres du Vatican.

Lorsque, plus tard, d’autres Huns, d’autres barbares du Nord, les luthériens allemands, à la suite du connétable de Bourbon, entrèrent dans Rome, et mirent le feu dans les chambres de Raphaël.pour effacer la trace du triomphe de la papauté, le feu, la fumée passèrent et la victoire de Léon le Grand resta.

Voilà comment Léon avait résisté aux périls du Nord : restait le Midi. Genséric était plus formidable qu’Attila : lui , à moitié chrétien, à moitié civilisé, servi par une hiérarchie de fonctionnaires semblables à ceux de l’empire romain, ayant sous ses ordres une flotte avec laquelle il pouvait traverser les espaces et venir venger la vieille honte d’Annibal.En effet, Genséric, appelé par la veuve de Valentinien, met a la voile, et son pilote lui demandant de quel côté il faut tourner la proue et diriger le navire, il répond « Vers ceux que menace la colère de Dieu ; » et la colère de Dieu, ce jour-là menaçait Rome. C’était trois ans après la retraite