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avec des blocs de marbre, des briques, avec tout ce que le hasard mettait sous la main de ces ouvriers persécutés. De distance en distance, ces longs corridors s’ouvrent sur des chapelles où pouvaient se célébrer les mystères, et sur des salles dans lesquelles l’enseignement se donnait aux catéchumènes et où s’accomplissaient les expiations des pénitents.

J’ai besoin de vous fournir immédiatement la preuve que ces grands ouvrages sont bien des premiers siècles chrétiens, des siècles persécutés. Nous en avons le témoignage dans Prudence et dans saint Jérôme, qui tous deux y étaient, allés, plus d’une fois, vénérer les sépultures des martyrs, et qui en parlent avec autant d’épouvante que d’admiration. Saint Jérôme, jeune étudiant à Rome, avec toute l’ardeur de son âme, descendait chaque dimanche dans ces entrailles de la terre, et nous dit qu’alors revenait sans cesse à son esprit la parole du Prophète : « Descendunt ad infernum viventes »,et ce vers de Virgile

Horror ubique animos, simul ipsa silentia terrent,

mêlant ainsi tes grandes traditions sacrées aux traditions profanes, image de la double éducation de Jérôme et de ses contemporains[1]. En effet, on aperçoit d’abord dans les catacom-

  1. S. Hieronymus, in Ezechielem, c.40.