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dont l’histoire est restée inconnue, mais dont le livre a conservé un singulier caractère d’antiquité et de beauté, Hermas, veut instruire les fidèles, et il le fait, à la façon des anciens, par des similitudes. Son livre est divisé en trois parties[1] : les visions, les préceptes et les similitudes. Ses visions lui représentent, par exemple, l’Église sous la figure d’une jeune fille, d’une reine ou d’une mère que l’âge a déjà marquée de son caractère, et à laquelle il a ajouté aussi un signe d’autorité. C’est toujours sous cette figure vivante et sensible que lui apparaissent les institutions, les vocations auxquelles Dieu a donné l’appui de sa volonté. Ainsi encore, lorsque il veut représenter les diverses conditions humaines, il emploie la comparaison suivante. Hermas se promenant un jour dans la campagne vit une vigne et un orme, et il s’arrêta pour les considérer. Le Pasteur lui apparut « Cette vigne, dit-il, porte beaucoup de fruits et l’orme n’en a pas. Mais, si elle n’était appuyée sur lui, la vigne rampante en produirait peu et de moindre valeur. Ainsi, comme elle ne peut avoir du fruit en abondance, et de bonne qualité qu’avec l’orme qui l’appuie, l’orme n’est pas moins fécond que la vigne. Celui qui est dans l’opulence est ordinairement pauvre aux yeux du Seigneur, car ses trésors le détournent

  1. Voir les notes à la fin de la leçon, I.