Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/271

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

angéliques, quand je vois Prudence représenter avec tant de grâce les âmes des bienheureux, qui s’en vont chantant en choeur et foulant à peine les lis de la prairie qui ne plient point sous leurs pieds.

Mais la force du’poëte éclate bien davantage lorsqu’il décrit les combats des martyrs et s’anime, pour. ainsi dire, de tout leur feu lorsqu’il représente saint Fructueux sur le bûcher, saint Hippolyte entrainé par des chevaux indomptés, ou bien saint Laurent sur le gril. Saint Laurent était, une des mémoires les plus chères au peuple romain, parce que cet apôtre, ce martyr de la foi, était aussi martyr de la charité ; et qu’il était mort, non pas seulement pour ne pas livrer le Christ qu’il portait en son cœur, mais ces trésors de l’Église, qui étaient conservés pour la nourriture des pauvres, et Rome lui en sut gré, car encore aujourd’hui, après la Vierge, il n’est pas de saint, pas même saint Pierre, qui ait autant d’églises a Rome que saint Laurent, tant le souvenir.de ce diacre, serviteur des pauvres, est resté populaire ! Prudence l’a chanté, et dans l’enthousiasme que lui inspirait la figure de ce jeune saint, il a voulu, au moment où il va rendre le dernier soupir, mettre dans sa bouche une prière où vous retrouverez l’inspiration des chrétiens, qui voyaient d’un œil assuré la destinée romaine : « Christ, nom unique sous le soleil, splendeur et vertu du Père, auteur