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avec Nestorius, un mythe avec Eutychès ; le système s’adresse à la raison, le mythe à l’imagination, le mystère à la foi. La foi s’enfonce dans le mystère, avec le même courage que l’homme juste mourant s’enfonce dans les ténèbres de la mort : il sait bien que dans ces ténèbres il trouvera une autre lumière plus pure, et dans cette défaillance de la vie, une autre vie. Le grand esprit de Léon sait bien qu’en s’enfonçant dans ces obscurités de la foi, il trouvera une autre vie, la vie surnaturelle de la grâce que Dieu donne à ceux qui croient. La puissance de subjuguer est accordée à ceux qui croient, et non pas seulement à ceux qui raisonnent et qui disputent : aussi l’affirmation énergique de ce Romain fait taire quelque temps ces sophistes de l’Orient, et l’Église rentre un instant dans le silence de la pensée, de la raison et de la foi.

En même temps saint Léon sauvait, en Occident, la civilisation des périls de la barbarie. C’était, en effet, l’ère des invasions, et l’empire présentait bien peu de ressources pour résister à ces armements formidables qui agitaient les steppes de l’Asie et se prolongeaient même au delà du Rhin, puisque déjà les barbares avaient envahi les Gaules, l’Espagne, et se trouvaient maîtres de l’Afrique.

Au milieu de cette agitation, les ressources officielles de la civilisation se réduisent à bien peu de chose. Dans Ravenne se trouve l’empereur Valentinien III, sous la tutelle de sa mère Placidie : c’était