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des études commencées dans un autre dessein, et consacrer à la vérité les instruments prédestinés de la vanité car, dit-il, je sais que plusieurs esprits n’acceptent la vérité, ne la recueillent, ne la retiennent volontiers qu’autant qu’elle leur est présentée sous les fleurs poétiques, et j’ai cru « qu’il ne fallait pas repousser les gens de cette humeur, mais les traiter d’après leur naturel et leur besoin, afin que chacun selon son génie devienne le captif volontaire de Dieu[1].  » Ceci s’éclaire par ce que nous savons déjà des écoles romaines tout l’enseignement était fondé chez les anciens, comme il l’est resté au moyen âge, et avec une grande sagesse, sur l’exercice de la mémoire —et l’étude des poëtes. En Grèce on commençait par Homère, et, en Occident, par Virgile. Mais, avec Virgile, les chrétiens et les païens du cinquième siècle apprenaient par cœur, gravaient dans leur mémoire toutes les pensées, toutes les doctrines, toutes les images du paganisme. C’est contre ce paganisme que les premiers poëtes chrétiens s’efforcent de lutter ; c’est dans une pensée de-polémique, de controverse, qu’ils écrivent ; il s’agit pour eux de détrôner les faux dieux de ce siége envié qu’on leur a fait dans la mémoire et dans le cœur de jeunes enfants, et d’y faire asseoir un Dieu plus digne de l’enfance. Voilà

  1. Sedulius, Epist. dedicat. ad Macedonium.