Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/234

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

auteurs qu’il nomme parmi ceux qui font l’agrément de sa solitude.

Ainsi tout le moyen âge est nourri des doctrines de ces grands hommes et, parmi.les historiens de cette époque qui les imitèrent, il nous faut citer un très-célèbre historien allemand du douzième siècle, Otton de Freysingen, oncle du grand empereur Frédéric Barberousse. Ce vieil évoque, accablé du poids des années, fit une histoire de son temps ; mais son temps ne lui suffit pas ; il étend plus loin ses vues et écrit une histoire universelle. Le plan qu’il suit est celui d’Augustin : l’histoire de la Cité de Dieu opposée à l’histoire de la Cité des hommes. Et il écrit avec une forte et austère liberté ; il s’arrête de temps à autre pour profiter de son titre d’oncle de l’empereur et adresser à son neveu des avertissements sévères ; il lui dit : Et nunc, reges, intellegite; erudimini qui judicatis terram . Ainsi, maintenant, vous le voyez ; les précurseurs de Bossuet sont trouvés ; la chaîne est rétablie, et d’Augustin à lui les anneaux sont assez nombreux pour qu’ils n’échappent pas un seul instant ni à la main ni à la vue.

Voilà donc les trois éléments de l’histoire la chronique, qui donne la vérité ; la légende, qui donné la vie et la couleur ; et la philosophie qui est l’âme et l’intelligence de l’histoire, qui trouve une explication, qui rattache tout à Dieu comme à la cause première. Maintenant, pour que l’histoire