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réalisée ici-bas ; Il faut donc un jugement qui sépare les deux cités, l’une pour la perte, l’autre pour le salut. Dieu s’est réservé le secret des temps ; mais on peut comparer la durée du monde à une semaine, le sixième jour où nous sommes aboutit au sabbat éternel, qui n’est pas le repos inactif, mais le repos dans l’intelligence et dans l’amour. Voilà l’analyse bien rapide et bien incomplète de ce livre étonnant, désordonné, qui, au premier abord, effraye par ses répétitions, par ses lacunes, par tout ce qui y manque et par tout ce qui s’y trouve de trop, auquel saint Augustin travailla dix-huit ans au milieu de tous les labeurs de son épiscopat, avec des interruptions incroyables, n’ayant plus sous la main les dix premiers livres pendant qu’il faisait les douze autres, condamné, par conséquent, à d’inévitables redites. Et cependant, quand on pénètre dans ce désordre apparent, quel ordre merveilleux n’y trouve-t-on pas quelle prévision quelle force d’intelligence ! quelles lumières II ruine toute l’explication des destinées du monde par la doctrine paienne, et il fonde une doctrine nouvelle qui introduit la philosophie dans l’histoire. C’est dans la métaphysique, dans les s questions ardues de la Providence, de la liberté, de la prescience, de la fin naturelle des choses, c’est là, dans ces mystères, qu’il cherche le secret des affaires humaines, le secret de ce que nous croyons n’être conduit que par nos passions. Là où