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de fidèles, et déjà ils étaient si nombreux, que les persécuteurs commençaient à trembler. Il fallait cependant qu’il subît sa peine ; mais on le laisse entouré de tous ceux qui le regardaient comme un père, et tout à l’heure comme un saint. Il quitte son manteau et sa dalmatique, il ordonne qu’on remette vingt-cinq pièces d’or à son bourreau. Les frères lui offrent des linges, et, comme il ne pouvait se bander les yeux, un prêtre et un sous-diacre les lui bandèrent, et il mourut avec toute la dignité et toute la majesté d’un prince entouré de son peuple. Quand la nuit est venue, c’est avec des torches ; avec des chants, avec toute la pompe d’un triomphe qu’il est porté au lieu de son repos. Dans tout ceci respire la vie de cette vieille et puissante Église de Carthage, qui déjà, dès le troisième siècle, s’était rendue redoutable aux païens. Jusqu’ici la certitude est absolue viennent ensuite d’autres récits qui présentent les mêmes garanties ce sont les vies de quelques hommes illustres à tout jamais, comme celles de saint Ambroise, de saint Augustin, de saint Martin de Tours, écrites par leurs disciples, leurs amis, par les compagnons de tous leurs travaux saint Paulin, Possidius, Sulpice Sévère.

Mais à l’époque des martyrs et des Pères succède celle des anachorètes. L’éloignement du désert, la distance des temps, les récits transmis de bouche en bouche, permettent dès lors à l’imagination de