Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/214

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

négligé pour faire vivre l’histoire et lui donner cette couleur, cette beauté que nous avions crues tout à l’heure pour toujours absentes. Voici, par exemple, comment le rédacteur des actes retrace l’interrogatoire de saint Cyprien Galère. Maxime, proconsul, dit à l’évêque Cyprien « Tu es Thascius Cyprianus ? » Cyprien répondit « Je le suis. Galère Maxime dit «C’est toi qui t’es donné pour évêque à des hommes d’un esprit sacrilège. ? C’est moi. » Le proconsul dit « Les très-sacrés empereurs ont ordonné que tu sacrifierais.  » L’évêque Cyprien répondit « Je ne le ferai point. » Galère Maxime dit « Songe à te sauver. » Cyprien répondit « Fais ce qui t’est commandé dans une cause si juste, il n’y a pas à délibérer. »

Tout le. monde peut-jurer que ces paroles sont écrites sous la dictée même de ceux qui les prononcèrent ; rien n’a été ajouté pour donner carrière au sentiment du rédacteur aucune de ces injures contre le proconsul ou l’empereur, que l’on aurait pu attendre de la part d’un hagiographe des temps barbares c’est bien là l’austérité et la dignité du christianisme primitif. Le juge ému prononce la sentence, et la foule des frères qui entourait l’évêque disait : « Et nous aussi, qu’on nous décapite avec lui. » On le conduit au lieu du supplice, entouré de diacres et