ciers ; mais toujours un obstacle insurmontable arrêtera ces efforts. C’est que, pour les historiens anciens, emprisonnés dans l’esprit de nationalité, lors même qu’ils écrivent une histoire générale, comme Diodore de Sicile ou Trogue Pompée, tout aboutit à l’apothéose d’un seul peuple. Ils ne s’arrêtent jamais qu’aux causes secondes, politiques et militaires. Voilà pourquoi le plus pénétrant d’entre eux, Polybe, fera admirablement comprendre la supériorité des Romains dans la guerre ; mais sans aller au delà, mais sans soulever seulement un coin du voile qui laisserait apercevoir la marche générale de l’humanité. Ainsi chez les anciens l’histoire a deux défauts elle n’aime pas assez le vrai, et, égarée par l’égoïsme national, elle n’arrive pas à l’intelligence des destinées universelles.
D’ailleurs, à l’époque où nous sommes, au cinquième siècle, l’histoire, à vrai dire, n’est plus au biographe Suétone ont succédé, au milieu d’une décadence complète, scriptores rei Augustae, et les dernières pages historiques en langue latine se lisent à peine. L’histoire ne se montre vivante que sous la plume d’un soldat, Ammien Marcellin, qui sait peu, qui est païen et, par conséquent, qui ne peut plus suivre que d’un œil troublé le cours des événements, mais qui écrit en homme de cœur, et qui, appelé à lire son livre devant la noblesse romaine, la força d’applaudir à la flétrissante