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l’œuvre, ç’a été pour l’abaissement du pontificat romain. D’un autre côté, ce n’est pas le génie des papes qui les a élevés à cette hauteur car il ne s’est pas rencontré dans les quatre premiers siècles un grand homme pour occuper le siège de Rome -c’étaient des martyrs, des esprits sages, des hommes de gouvernement sans doute, pontifes —obscurs qui devaient fonder une puissance éclatante. Mais Jules I° et Damase eux-mêmes n’avaient rien de comparable à ces puissants esprits qui faisaient l’orgueil de l’Asie et de la Grèce : il n’était pas un siège en Orient qui n’eût été illustré par de plus grands hommes ; Alexandrie avait eu Athanase, Cyrille; Antioche et Constantinople avaient vu s’asseoir dans leur chaire saint Grégoire de Nysse, saint Jean. Chrysostome. Le génie était en Orient, mais l’autorité en Occident.

Le premier homme de génie, le premier grand esprit qui paraît Rome pour y revêtir les insignes du pontificat, c’est saint Léon le Grand, un des hommes qui devaient le plus contribuer à donner à la papauté, non de l’autorité, mais l’exemple de cette action nouvelle qu’elle allait exercer en présence du monde barbare.

Le 29 septembre 440, le pape Sixte III était mort ; le clergé de Rome se rassembla et élut à sa place Léon, archidiacre de l’Église romaine. Il était désigné à ce choix par la grande confiance que lui avaient montrée le pontife et les empereurs