Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/187

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La vérité répond mal à ces promesses. Cet empire sans fin que tu leur donnes, ô Jupiter ! qui ne leur as jamais rien donné, est-il au ciel ou sur la terre ? sur la terre sans doute ; mais, fût-il au ciel, n’est-il pas écrit que le ciel et la terre passeront : Ce que Dieu a fait passera combien plus vite ce qu’a fondé Romulus ! Peut-être, si nous voulions quereller Virgile pour ces vers, il nous prendrait à part et nous dirait : J’en sais autant que vous ; mais que faire quand j’avais à charmer l’oreille des Romains ? Et cependant j’ai pris mes précautions en mettant ces paroles dans la bouche de leur Jupiter un Dieu faux ne pouvait être qu’un oracle menteur. Mais ailleurs, quand j’ai parlé en mon nom, j’ai dit :

Non res romanae perituraque regna.

Vous le voyez, j’ai dit que leur empire périrait. »

On voit bien que saint Augustin n’a cité Virgile que pour opposer le poëte au poëte lui-même et ébranler la trop grande autorité que lui prêtaient encore quelques lettrés.

Puis Augustin, sachant qu’un certain nombre de ses auditeurs se plaignaient de sa sévérité pour les calamités romaines, qu’autour de lui on murmurait quand il prenait la parole sur les événements de Rome, car il paraît qu’en Afrique il y avait deux partis un parti romain et un parti