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temps chrétiens, que le christianisme avait porté malheur à la grandeur romaine, et que les anciens dieux l’avaient bien mieux gardée. Saint Augustin, provoqué par ces plaintes, répondit avec un mélange d’ironie, d’enjouement et de gravité « Vous dites Voici que tout périt dans les temps chrétiens. Pourquoi murmurez-vous ? Dieu n’a point promis que ces choses terrestres ne périraient point; le Christ ne l’a point promis.Eternel, il a promis des choses éternelles. La cité qui nous a engendrés temporellement est elle encore debout ? rendons grâces à Dieu, et puisse-t-elle, régénérée par l’esprit, passer avec nous à l’éternité Mais si la cité qui nous donne la vie temporelle n’est plus, celle qui nous a engendrés spirituellement est debout Quelle cité ? ta cité sainte, — la cité fidèle, la cité voyageuse sur. la terre, mais qui a ses fondements dans le ciel. Chrétien, ne laisse pas périr l’espérance, ni se perdre la charité, ceins tes reins. « Pourquoi t’effrayer si les empires terrestres périssent ? La promesse t’a été faite d’en haut que tu ne périrais point avec eux car ces ruines ont été prédites. Et ceux qui ont promis l’éternité aux empires de la terre ont menti pour flatter les hommes. Un de leurs poëtes fait parler Jupiter, et lui fait dire des Romains

His ego nec metas rerum nec tempora pono,
Imperium sine fine dedi.