lorsque, dans un jour de mépris et de colère, il engageait les Galiléens à aller dans leurs églises étudier Luc et Matthieu. C’est alors que saint Grégoire de Nazianze lui répondait « Je vous abandonne tout le reste, richesse, naissance, gloire, autorité et tous les biens d’ici-bas, dont le souvenir passe comme un songe ; mais je mets la main sur l’éloquence, et je ne regrette pas les travaux, les voyages sur terre et sur mer que j’ai entrepris pour la conquérir[1]. »
Ainsi ils étaient bien loin de vouloir abandonner leur part de la puissance de la parole, et alors, en effet, commence cette grande école où florissaient, à côté de Grégoire de Nysse, saint Basile, saint Chrysostome, dont la conversion faisait le regret éternel du rhéteur Libanius, lorsqu’il s’affligeait tous les jours qu’on lui eût enlevé Chrysostome auquel il se proposait de léguer son école. À mon sens, Chrysostome n’a pas beaucoup perdu.
Les Latins n’ont pas, comme les Grecs, cet art de la disposition, cet éclat et ces grâces de l’élocution, ces comparaisons toujours anciennes et toujours neuves tirées de la mer, du port, du théâtre et de la palestre. Ils n’ont pas non plus la même pureté dans le choix des expressions. La barbarie se fait sentir par la subtilité et une certaine grossièreté, la recherche, les raffinements qu’entraîne
- ↑ S. Greg. Naz., Op., t. 1, p. 132, Orat. IV.