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res profondeurs de la philosophie de la parole, et qu’il donnera le véritable mystère de la nouvelle éloquence qu’il veut fonder. C’est ce qu’il fait dans un autre ouvrage, dont l’occasion même est digne d’intérêt, et qui peint bien l’âme de saint Augustin. Un diacre, nommé Deo Gratias, chargé de l’instruction des catéchumènes, lui avait écrit une lettre pour lui peindre ses dégoûts, ses peines, ses découragements dans une fonction si difficile. Saint Augustin cherche à relever son courage en lui faisant, avec une admirable analyse, la peinture de toutes les tristesses, de tous les découragements qui peuvent saisir un homme chargé de porter la parole devant ses frères, et cependant en lui montrant par quels moyens victorieux on peut dompter ses ennuis, ses découragements et triompher, tôt ou tard, de toutes les résistances de soi-même et d’autrui. Les deux secrets de toute cette éloquence dont saint Augustin va chercher le fond dans l’étude de l’esprit’humain, sont l’amour des hommes, qu’il faut instruire, et l’amour de la vérité, qui- n’est autre que Dieu même. Je dis d’abord l’amour des hommes, et saint Augustin trouve, en effet, une ressource d’éloquence que les anciens n’avaient pas connue dans la charité, dans ce besoin que nous avons de communiquer à autrui les vérités dont nous sommes pénétrés, dans cette ardeur qui fait que nous ne pouvons nous empêcher d’ouvrir la main, quand elle est pleine de ce que