qu’un fantôme d’art ; ici l’art est absent mais l’inspiration est revenue, bientôt l’art la suivra ; là où elle est présente, elle l’attire, tôt ou tard, comme le soleil, en se levant, appelle toutes les voix harmonieuses de la création pour le saluer.
Dès les commencements de l’éloquence chrétienne, j’y vois une séparation profonde d’avec les théories et l’art de l’antiquité, et j’y trouve encore ce je ne sais quoi d’original qui ébranle les hommes et qui est véritablement le secret de l’éloquence. Voyez saint Paul arrivant au milieu de cette multitude de Grecs si raffinés comme il foule aux pieds les misérables ressources de la parole humaine comme il fait peu de cas des sublimités du langage : Il fait profession de ne savoir qu’une seule chose : le Christ et le Christ crucifié. Je ne tarde pas à m’apercevoir, comme saint Jérôme, que cet homme, qui me paraissait sans culture, a en lui-même des ressources que ses auditeurs de l’Aréopage ne connaissaient plus’, et que ses paroles inattendues ; brusques, non préparées, frapperont comme des coups de foudre. A mesure que la société chrétienne grandit, la prédication s’étend elle finit par-avoir besoin de se régler. Il faut qu’un ministère si continuel et si considérable trouve ses lois, et quand saint Ambroise écrit son livre de Officiis ministrorum, imité à quelques égards du livre de 0fficiis de Cicéron lorsqu’il trace les devoirs du prêtre, il n’oublie pas