çons de rhétorique, que l’on répète toujours les mêmes exercices, que les jeunes gens soient formés éternellement à composer des harangues, à renouveler les plaintes de Thétis sur la mort d’Achille ou celles de Didon sur le départ d’Énée. Ces exercices continueront pendant tous les temps barbares on les trouve dans les écrits d’Ennodius, qui en a composé plusieurs plus tard dans Alcuin, qui les recommande et y forme ses disciples. Mais il est évident que la vie n’est plus là. Le christianisme cependant ne pouvait pas laisser périr la parole, lui qui l’honora plus qu’aucune autre doctrine ne l’avait jamais fait, car le christianisme représentait la parole, c’est-à-dire le Verbe, comme la créatrice du monde c’était elle qui avait formé l’univers, qui l’avait sauvé, qui devait le juger un jour. C’était bien cette même parole divine qui devait se conserver, se perpétuer dans l’Église chrétienne par la prédication ; en telle sorte qu’aucune forme de respect n’était trop grande pour entourer la parole sainte. Les anciens avaient donné à la parole humaine le plus magnifique piédestal : ils lui avaient élevé la tribune, au milieu de l’Agora ou du Forum, d’où elle dominait ces villes intelligentes et passionnées dont la conquête était le prix de la parole victorieuse. Il était difficile de faire à quelque chose d’humain plus d’honneur ; le christianisme cependant fit plus : il la plaça non sur la tribune, mais dans le temple,
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